Le cybersquatting ou cybersquattage est le fait d’enregistrer un nom de domaine correspondant à une marque afin de récupérer une partie de l’audience de la marque en question ou de le revendre à prix d’or. C’est ainsi une usurpation des principaux signes distinctifs de la marque afin de les enregistrer abusivement en nom de domaine.
Un exemple de cybersquatting
Tout le monde connait le site www.sfr.fr qui est le site du fournisseur d’accès à internet SFR.
Il y a quelques années, un cybersquatteur a enregistré le nom de domaine www.sfr.com.
Pourquoi ce cybersquatteur avait acheté ce nom de domaine ? Tout simplement car toutes les personnes qui se trompaient en tapant www.sfr.com à la place de www.sfr.fr était redirigé vers le site www.itineris.com qui avant d’être racheté par Orange était le concurrent direct de SFR.
SFR a depuis récupéré le nom de domaine sfr.com, mais combien de visiteurs sont allés chez Itinéris alors qu’ils cherchaient SFR ?
Le cyberquatting concurrentiel
Le cybersquattage concurrentiel est représenté ici sous cette forme, mais il peut revêtir d’autres aspects. Imaginons un scénario spécifique au secteur de l’immobilier afin que cela soit plus parlant. Partons sur l’hypothèse d’un cybersquattage du site de la fnaim.fr, avec l’achat du nom de domaine fnaim.biz (qui, à l’heure où j’écris cet article, le 5 juin 2014 17h08, est disponible à l’enregistrement par n’importe qui).
Pour une personne maîtrisant le référencement internet, il est tout à fait possible de positionner ce nom de domaine en première page Google entre 1 à 6 mois. En sachant que la requête FNAIM est tapé 74000 fois par mois environ, il est donc très facile de récupérer quelques centaines voire milliers de visiteurs que le cybersquatteur pourrait rediriger vers un nouveau site internet ou bien vers une page pleine de pub afin de gagner quelques centaines ou des milliers d’euros par mois.
Il faut savoir que le celle nouvelles technologie de cybersquatting est aussi utilisé « plus agressivement » pour y mettre des sites à caractère pornographique. Et là le préjudice est vraiment de grande ampleur. Pour illustrer cette possibilité, prenons un nouvel exemple avec un scénario plausible dans l’immobilier.
Une marque connue du type Laforet , Orpi, Guy hoquet etc… est très fréquemment tapée dans Google avec une ville derrière : « Laforet Lyon » ou « Orpi Marseille » ou « Guy hoquet Toulouse ».
Chacune de ces requêtes ramène plusieurs centaines de visiteurs par mois. Il est très facile dans le cas d’un cybersquatting à grande échelle d’acheter des milliers de noms de domaine du type : laforet-lyon.biz , laforet-strasbourg.net, laforet-bordeaux.org, orpi-marseille.biz, orpi-nice.org, orpi-albi.eu, guyhoquet-toulouse.biz, guyhoquet-brest.net etc…… et d’y positionner notamment des sites pornographiques.
Ce « secteur » du web est extrêmement lucratif et attire par là-même les cybersquatteurs du monde entier. Dans le monde du web pornographique, lorsqu’un visiteur souscrit à un abonnement en ligne, le webmaster à qui appartient le site génère en moyenne une trentaine d’euros. Si 1000 sites internet mis en place par les cybersquatteurs reçoivent chacun ne serait-ce que 50 visiteurs par mois, cela représente 50 000 visiteurs « volés ». Si l’on part sur un taux de transformation de 1% cela représente 500 abonnements par mois vendus. A environ 30 € l’abonnement, le cybersquatting rapporte à son auteur environ 15 000€ par mois.
On comprend mieux l’attrait du cybersquatting et les nouveaux risques que cela engendre pour les professionnels de l’immobilier.
Je vous conseille ainsi d’être particulièrement vigilant sur la réservation de tous les noms de domaine afférant à votre identité que vous pouvez faire. A cet égard, nous voyons émerger depuis quelque temps déjà de nouvelles extensions, et notamment des extensions spécifiques à l’immobilier.
Si l’on reste sur notre exemple de la Fnaim, on peut désormais réserver ce type d’extensions :
Fnaim.agency
Fnaim.maison
Fnaim.villas
Fnaim.paris
etc…
La nouvelle tendance du typosquatting
Si j’étais le conseiller en référencement de la FNAIM, je n’hésiterais pas un instant à réserver ces quelques noms de domaine, avant que d’autres personnes, pas forcément bien intentionnées, ne s’en emparent. Une autre pratique de cybersquatting se développe et est à surveiller de très près : le typosquatting.
Là, il n’est plus question de changer l’extension du nom de domaine mais juste une lettre, qui correspond en général à une faute de frappe. Très souvent c’est la lettre juste à côté (soit à droite soit à gauche) sur le clavier.
Par exemple : yahoo.com devient tahoo.com ou alors google.fr devient foogle.fr. Essayez de regarder sur Internet, ce sont des exemples réels.
Heureusement il existe des solutions afin de récupérer les noms de domaines cybersquattés. Mais ce sont des procédures assez contraignantes : sur ce thème voici un article du journal du net à ce sujet http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/54752/cybersquatting—les-procedures-pour-recuperer-un-nom-de-domaine.shtml
Ainsi, si l’on résume ces phénomènes de cybersquatting et de typosquatting , on trouve des exemples à foison dans tous les secteurs d’activité. Il faut donc être informé que ce type de phénomène existe afin d’être vigilant et ensuite il faut essayer d’anticiper, dans la mesure du possible, les attaques éventuelles et fautes d’orthographe susceptibles d’être reprises. Nous avons, nous par exemple acheté et redirigé le nom de domaine lesclefsdumidi.com vers lesclesdumidi.com.
Si je devais donner un conseil à une grande marque du monde de l’immobilier comme Century21, qui possède aujourd’hui www.century21.fr je leur dirais de réserver immédiatement le nom de domaine www.centuri21.fr. Autre astuce qui peut vous aider à détecter et anticiper les fautes d’orthographe : la consultation de vos statistiques dans Google Analytics : en effet Google est capable de rediriger vers votre site certains visiteurs ayant fait des fautes d’orthographe et vous avez le listing des mots-clés tapés par vos visiteurs, avec et sans fautes.
Mon conseil aux agents immobiliers
– Regardez les fautes (d’orthographes et de frappe) que vos clients, collègues, amis font lorsqu’ils vous écrivent,
– Analysez les statistiques de votre site,
– Enregistrez les noms de domaine avec les extensions les plus courantes correspondant à votre marque (.com,.fr, .net, .eu, .biz, .info, etc….) : cela vous coûtera quelques dizaines d’euros par an mais peut vous éviter bien des désagréments.
– Et pensez à déposer votre marque à l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) : cela vous coutera 250€ pour 10 ans et vous permettra d’agir si vous étiez victime de cybersquatting.
PS : J’espère que la FNAIM, ORPI, LAFORET, GUY HOQUET, CENTURY21 et les autres enseignes immobilières ne me tiendront pas rigueur de les avoir cités en exemple. Si cela était problématique, n’hésitez pas à me contacter je supprimerai au plus vite le nom de votre marque.
Encore un peu de lecture, pour ceux qui le souhaitent, sur le cybersquatting: http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/11/cybersquatting-la-plaie-des-marques_1845965_3234.html